Benoit Chauvin (Cîteaux), CNRS

François Nicolas Eugène Droz des Villars, historien franc-comtois

L’auteur de ce manuscrit, François Nicolas Eugène Droz des Villars, est né à Pontarlier en 1735, mort à Saint-Claude en 1805. Avocat et conseiller au Parlement de Besançon, secrétaire de l’Académie de cette ville, il fut et reste un historien franc-comtois renommé. Le site de la Bibliothèque nationale de France propose une liste de ses ouvrages imprimés, également consultables à la Bibliothèque municipale de Besançon.

Une partie des manuscrits de son cabinet forme la Collection Droz de ce fonds. Leurs notices descriptives sont à lire dans le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, t. XXXIII, II/2, Paris, 1904, p. 713-743. Il n’est à peu près aucun thème de l’histoire comtoise médiévale et moderne auquel Droz, inlassable copiste et son équipe de scribes (chartriers des Chalon, du Parlement, de l’archevêché, de nombreuses abbayes) n’aient porté quelque attention avant les dilapidations révolutionnaires.

Sa cité natale l’a honoré par l’attribution de son nom à la rue qui, face à l’église Saint-Pierre, rejoint la rue de Salins à la rue Patel. Récemment acquis par la Ville, son portrait en buste est exposé au Musée municipal. A Besançon en 1760, il édita un livre in-8° composé de deux parties :

Essai sur l’histoire des bourgeoisies du roi, des seigneurs et des villes…, [6]-1-120 p., (BnFrance Tolbiac, cotes 8-LF35-1 et microfilm M-50005 ).

Mémoires pour servir à l’histoire de Pontarlier…, [8]-335-[3] p., [1] fol. dépliant, (BnFrance Tolbiac, 8-LK7-7987 et F-33956).

Cet ouvrage est à trouver la BmBesançon sous cotes 241030, 308312 ou 339742. Il a été réédité à Pontarlier en 1840 (BmBesançon, 241100 ou 311515). Il est la première des trois monographies traitant du passé de la ville, suivie par celles d’Édouard Girod (1857) et de Jules Mathez (1930).

Droz n’avait que 25 ans lorsqu’il le publia. Il était prévisible que, la connaissance aidant et l’âge venant, il lui adjoignît compléments, corrections et commentaires. Pour les consigner, il démembra un exemplaire imprimé dont il inséra les pages dûment relues au fil de ses découvertes dans un manuscrit plus ample in-4° sur les feuilles blanches desquelles il porta ses annotations. Par précaution, il conduisit sa démarche en double. A la suite de dévolutions successorales, l’autre partie de son cabinet échut à la famille de Vregille qui la conserva en son château jusqu’en 1924, année au cours de laquelle l’ensemble fut dispersé lors de la vente de manuscrits la plus mémorable qui se vit jamais en Franche-Comté. Le catalogue (76 p.) édité à cette occasion (BmBesançon, cote 284758) décrit sommairement les articles vendus, tous plus précieux les uns que les autres. Sous les numéros 81 et 82 y figurent les deux volumes dont il vient d’être question. Le second fut alors acheté par feu le Docteur Joseph Houdard, bibliophile pontissalien. Remis en vente publique par ses ayants droit en 1981, il fut acquis par le titulaire de ce site qui en fit don à la Ville l’année suivante.

Coté « Manuscrits Droz n^o 87 », ce volume in-4° (28 x 20 x 6 cm) sous reliure basane d’époque et tranche rouge se compose en conséquence sous forme interfoliée :

d’un exemplaire démembré corrigé de l’édition de 1760,

en face des pages duquel sont portées les abondantes rectifications et additions, notes et précisions de la main ample et élégante de Droz, accumulées plusieurs décennies durant. Ce volume constitue en somme une manière d’essai non mis en forme d’une seconde édition jamais imprimée. Les différentes mains des ajouts plus tardifs restent à identifier.

Point n’est besoin de souligner l’extrême intérêt de ce manuscrit pour l’histoire de Pontarlier. Il a dès lors paru indispensable de le faire intégralement numériser, afin d’en assurer la conservation et servir d’éventuelle base de travail à quelque chercheur susceptible de se pencher sur le passé de la ville et de ses alentours. Pour ne pas en occulter la spécificité vraiment originale, cette numérisation en suit scrupuleusement l’organisation interne, feuilles volantes comprises. Par souci pratique, on a seulement ajouté une discrète pagination continue de 1 à 960 en bas à droite de chaque vue.